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Témoignage : couchée, le téléphone à la main

  • Photo du rédacteur: Karine De Leusse
    Karine De Leusse
  • 2 mai
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 mai





Un témoignage bouleversant sur le fugitisme numérique, quand l'écran devient un refuge et un piège


Je vais avoir 42 ans et je viens de passer les 17 dernières années de ma vie sur internet, que ce soit à l'origine uniquement via un pc puis progressivement via une tablette et enfin un smartphone.


Internet et le téléphone ont enseveli ma vie. A peine je me connecte qu'il s'est déjà écoulé 3 heures, 4 heures, six heures, la nuit tombe et comme toujours, je n'ai rien fait de la journée. Je ne parviens pas à résister car le téléphone est devenu une prolongation de moi-même et internet un refuge mental contre l'anxiété, l'inquiétude et la peur qui m'envahissent chaque jour dès le réveil.


Il ne fait aucun doute néanmoins que malgré le soulagement bref qu'ils procurent sur le moment, le téléphone et internet ne font qu'aggraver mes symptômes.


Anxiété, aboulie/apragmatisme, clinophilie, idées noires : ma zone de confort est devenue couchée dans mon lit, le téléphone entre les mains. Dès que je pose ou éteins le téléphone et que je me lève, je ressens comme une crise de manque : fébrilité, agitation, tension interne, pleurs, désespoir, tristesse et même pensées suicidaires. Dès que je pose le téléphone et que je me lève, je ressens presque des tremblements et c'est une peur et une tristesse immenses qui me submergent. La peur de faire face au réel et la tristesse infinie face à la vie en général et face à l'état de ma vie en particulier.


Internet et le téléphone empiètent sur tout le reste, la moindre action hors internet me parait irréalisable : les tâches domestiques (courses, préparation des repas, rangement, nettoyage... ), les tâches administratives, le soin de soi, la vie sociale.


Le smartphone et internet me font tout oublier (du moins sur le moment) et sont un outil de procrastination face aux 1001 tâches du quotidien qui me paralysent et me tétanisent. Etre couchée avec le téléphone est devenu un mode d'évitement permanent. Je suis seule et isolée. Je n'ai pas de vie sociale. Mes seuls contacts sont ma famille, une seule amie que je contacte de temps en temps. Len smartphone et internet me font oublier ma solitude et mon isolement. Dès que l'anxiété, la peur, la solitude et la tristesse deviennent trop grandes (et ça arrive très vite), je reprends le téléphone pour me calmer et c'est le cercle vicieux qui recommence puisque le téléphone lui-même est source d'angoisse.


Le pire dans tout ça, c'est qu'en fait, si c'était possible, je voudrais passer TOUT mon temps sur le téléphone, couchée dans mon lit le téléphone entre les mains à scroller, cliquer, rechercher, visionner à l'infini. Hélas, il y a une vie réelle à vivre et à investir, une vie réelle que je n'arrive pas du tout à construire et où je n'arrive pas du tout à exister ni à fonctionner au quotidien.


A. le 31 mai 2024



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