Plus l’écran est petit, plus il nous rétrécit : comprendre l’addiction au smartphone
- Karine De Leusse
- 28 oct.
- 3 min de lecture
Nous avons pris l’habitude de penser que le problème vient du contenu ou des réseaux sociaux. C’est vrai mais pas seulement. Un autre facteur invisible joue un rôle énorme dans notre vulnérabilité : la taille de l’écran.
Un petit écran change notre corps et notre psychisme. Il nous replie, littéralement. Le smartphone nous fait adopter une posture refermée, épaules enroulées, tête baissée, bras serrés… une posture de protection comme un repli de survie. Et c’est loin d’être anodin : Le cerveau interprète ce repli comme un retour à un état très archaique.
Un petit écran implique :
un rapprochement extrême du visage
un regard focalisé sur une très petite zone
une posture refermée (encolure fléchie, épaules enroulées)
une quasi disparition du monde autour
Le retour au cocon
Dès la naissance, le tout-petit est apaisé par les petits espaces : être bercé, contenu et enveloppé.
Le téléphone rejoue cette mécanique:
Un champ visuel minuscule
Un contact direct contre la main
Une absorption fusionnelle
Le monde autour qui n’existe plus.
On se met très souvent en position foetale, en se laissant bercer par les vidéos, les scrolls et les notifications. L’écran devient alors une coquille lumineuse minuscule qui apaise… tout en enfermant. De là, on ne regarde pas devant soi et on se dissout à l’intérieur.
Pourquoi c’est plus addictif
La main devient accrochée au téléphone comme un bébé à sa tétine
Il est toujours sur nous
Il délivre des micro-récompenses en rafales
Il se consulte en douce et sans cadre
Il occupe la main comme une tétine numérique
La frontière entre soin et émotion devient confuse
absence de limites spatio-temporelles
hyper-réactivité à la moindre notification
Un smartphone est un objet transitionnel qui ne sature jamais. On le consulte comme on suce son pouce. Ainsi, le smartphone est un doudou de contenu illimité.
Grand écran, posture adulte
Face à une télévision ou un ordinateur:
Le corps se redresse
L’activité est plus consciente et cadrée
On est ancré dans une pièce, dans un fauteuil
On est positionné face à un monde plus vaste
Même si le contenu peut captiver, on reste néanmoins dans le monde réel parce qu’on regarde quelque chose. Et surtout, on ne se regarde pas disparaître, absorbé par le petit écran.

Le bon outil, au bon moment
C’est un principe simple et pourtant révolutionnaire : la taille de l’écran influence à la fois la posture du corps, l’état psychique et les circuits de l’attention.
On choisit l’écran selon l’activité et le stade de conscience souhaité.
Activité Support le plus sain
Films, séries, documentaires télé ou ordinateur
Scroll, réseaux grand écran si possible
Messages, infos utiles smartphone
Le téléphone doit redevenir un outil fonctionnel ( au maximum à son utilité de base avec la part de progrès bien sûr) et non une matrice portative qui nous ramène en dedans.
Reprendre corps et place dans le monde
Lorsqu’on se tient courbé sur un petit écran :
On perd notre verticalité
On perd notre envergure psychique
On perd le contact sensoriel avec le monde
Le vrai enjeu du numérique est aussi corporel.
Pour rester humain, il faut rester ouvert et orienté vers l’extérieur.
Plus l’écran est petit, plus nous rapetissons. Et plus nous rapetissons, plus le monde réel s’efface et plus nous régressons. L’objectif n’est pas de diaboliser la technologie mais de ne pas permettre que le cocon devienne une cage.



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