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Maman, je veux vivre lentement !

  • Photo du rédacteur: Karine De Leusse
    Karine De Leusse
  • 27 mai
  • 2 min de lecture

Ce que ce garçon de 10 ans a compris, et que nous avons oublié

À seulement 10 ans, J. a mis des mots sur une sensation que les adultes n’osent même plus formuler. Il me raconte, lors de l’une de nos séances, qu’un matin, très sérieusement, il dit à sa mère :« Je ne veux pas travailler devant un écran plus tard. Parce que sinon la vie va passer trop vite… et on va mourir plus vite. À la rigueur, je veux bien être un gentil hacker, car il y aura des dossiers et ce sera un peu plus dur comme travail »

Cette phrase est restée suspendue dans l’air. Comme une évidence inavouable. Il n’a lu aucun traité de philosophie. Aucune conférence TED. Et pourtant, il a saisi l’essentiel : le numérique accélère notre temps, non pas en le remplissant, mais en le vidant de sa substance. Le temps derrière un écran n’est pas habité. Il est traversé. Dissous. Fuyant.

Comme tout enfant, il aime les fêtes, les jeux, les cadeaux. Mais il sent que les écrans ne rendent pas la joie plus vive : ils rendent juste le réel plus flou. Et comme tout enfant, il cherche des solutions. Il réfléchit, il imagine :« Peut-être que si je deviens un gentil hacker, je pourrai ralentir le temps… » Il ne veut pas fuir le monde. Il veut juste retrouver la sensation d’y être. Parce que s’il y a un peu d’effort, il ressentira…la vie et lui dans la vie.



Ce garçon n’est pas un cas isolé. Il est le porte-voix d’un malaise que nous avons collectivement anesthésié. Il perçoit que vivre derrière des interfaces, c’est peut-être travailler, communiquer, apprendre… mais c’est aussi s’éloigner. De soi. Des autres. Du temps.

Il n’a pas parlé d’addiction. Il n’a pas évoqué les dangers des réseaux. Il a dit quelque chose de plus profond : la vie passe trop vite quand on ne la sent plus passer.

Et c’est là, exactement là, que le fugitisme commence. Dans cette conscience troublante que l’existence, aujourd’hui, est en train de s’évaporer dans le flux numérique. Dans cette intuition que reprendre la main sur notre attention, c’est peut-être la condition pour exister à nouveau.

Ce que ce garçon réclame, ce n’est pas du contrôle parental, ni un minuteur. C’est le droit de sentir le vent passer. De grandir. Puis de vieillir sans se perdre. De vivre, tout simplement.

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Le Fugitisme : reconnaître, comprendre et soigner la fuite du réel

 

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